Je suis une personne…
Je suis une personne qui…
Perception de soi
Prêtez l’oreille, et vous entendrez souvent cette affirmation : “Je suis une personne qui…” Et la suite sera une description de la perception que la personne a d’elle-même. Cette affirmation identitaire n’est évidemment pas contestable. Après tout, comment pouvons-nous prétendre mieux connaître une personne qu’elle ne se connaît elle-même ?
Cependant, pouvons-nous vraiment affirmer avec certitude que nous sommes ce que nous prétendons être ? Pourquoi devrions-nous émettre une opinion sur nous-mêmes ? Ne risque-t-on pas de nous enfermer dans des préconceptions limitantes ?
Chaque fois que j’entends quelqu’un dire, “Je suis une personne…”, j’ai l’impression d’assister à la mort de toutes les autres possibilités. Les êtres humains sont complexes, capables de porter en eux à la fois ce qu’ils disent être et son contraire. Cela dépend des circonstances, des époques de nos vies, de nos états émotionnels, et de bien d’autres paramètres changeants.
Une identité personnelle immuable
En nous définissant ainsi, ne nous enfermons-nous pas dans une case prédéfinie ? Ne manifestons-nous pas un préjugé envers nous-mêmes ? Nous sommes ainsi limités à ce que nous croyons être. Et notre discours intérieur est teinté de ces convictions. J’ai longtemps cru que je n’étais pas une artiste, jusqu’à ce que je me rende compte que tout ce que j’avais fait toute ma vie, c’était justement être une artiste.
Nous avons déjà tellement d’opinions. Comme pour affirmer notre personnalité, nos valeurs, ce que nous sommes, nous semblons prêts à juger de tout. Mon père était un homme d’opinions, même sur ce qu’il ne connaissait pas. Peut-être que c’est là que j’ai appris à me méfier des opinions. Quand j’étais jeune, j’avais des opinions, des croyances, des causes à défendre, des vérités à protéger. Mes contours étaient bien définis. Je ne voulais pas être une personne floue, mes arêtes étaient claires et acérées.
La voie de l’artiste visuel.le
Comme artiste, ne devrions-nous pas justement avoir la capacité de la perméabilité ? C’est-à-dire être capable de supporter les contradictions, les inconforts, les incertitudes, être capable d’ouvrir tous nos sens à ce qui est, sans préjuger de ce que ce sera. C’est peut-être cela la voie de l’artiste et non ses exploits techniques.
Appliquer la technique du sfumato
Aujourd’hui, je souhaite me fondre dans l’espace, faire disparaître les angles. Quand nous dessinons, nous pouvons observer que les contours ne sont pas aussi précis qu’il n’y paraît. Léonard de Vinci écrit dans ses carnets : “Veille à ce que tes ombres et lumières se fondent sans traits ni lignes, comme une fumée.” C’est cette technique du sfumato que je désire appliquer autour de mes croyances. Notre environnement affectif, politique, écologique, social, culturel mérite la douceur de l’espace fluide et adaptable.
Croyez-vous que cela est envisageable ou même souhaitable ? Est-ce qu’embrasser une perspective plus fluide et ouverte vous parle ? N’hésitez pas à me faire parvenir vos commentaires, je vous lirai avec grand intérêt.