Le travail que je produis est hybride ; entre peinture, sculpture et assemblage. Les matériaux que j’utilise sont banals et usuels. Des matériaux cueillis dans la nature, ou acheter au Dollorama, ou encore des matériaux utilisés dans les pratiques artisanales. Branches, feuilles, écorce et petits fruits d’arbres et d’arbustes, ossements d’animaux ; peluche, ustensiles, cheveux synthétiques, faux cils, figurines ; laine, épingles, perles de résine, papiers peints, tissus et fourrure synthétique s’ajoutent aux matériaux traditionnels des beaux-arts. J’emploie différentes techniques de fabrication : de la peinture au modelage en passant par le tricot ou le perlage. En utilisant ces matériaux, je cherche à créer des chocs inattendus, étranges et évocateurs.
Ma recherche comporte deux dimensions qui sont indissociables et équivalentes : d’abord une recherche de relation adéquate entre le thème abordé et les matériaux et les techniques employés, puis un processus de création procédant par associations.
L’ambivalence et la nature camouflée de l’être humain sont des thèmes que j’aborde sans cesse. La violence et l’agressivité ordinaires m’ont amenée à traiter de la chasse et de notre rapport aux animaux et à la nature. Voilà un lieu d’ambivalence étonnant qui me permet d’adopter un chien et de tuer un lapin. Chaque projet est pour moi une question qui se pose et je dois y répondre avec des matériaux et des techniques qui forment un réseau associatif avec la thématique.
J’accorde beaucoup d’importance au processus de création par association libre et son mécanisme apparaît dans mes œuvres. Je ne dirige pas la pièce en train de se faire, je suis plutôt à l’écoute du dialogue qui surgit entre moi et l’objet de création. Je me laisse guider par les enchaînements d’idées et les mises en relation que génère l’imagination. L’organisation rationnelle est tenue à l’écart assez longtemps dans le processus et ce n’est qu’à la toute fin que je suis à même d’en vérifier la cohérence. Cette façon de faire marque la nature et la diversité de mon travail.